EELV face à une tentative d’entrisme d’un parti politique de l’Île-Saint-Denis aux positions contradictoires avec ses valeurs.
Les habitant.e.s de l’Île-Saint-Denis font face à de graves difficultés sociales, sanitaires et personnelles. La crise climatique a commencé. C’est sur ces sujets que Europe Écologie Les Verts (EELV) Ile-Saint-Denis souhaite se concentrer. Mais l’Île Vivante, via les réseaux sociaux ou les conversations, préfère se répandre sur un soi-disant comportement sectaire de notre part après notre refus de l’adhésion groupée de membres de l’Île Vivante. Pourquoi ?
Faire taire le groupe EELV de l’Île Saint Denis, une pratique historique
Après les municipales, les adhérent.e.s EELV de Saint-Ouen, Epinay et l’Ile-Saint-Denis jusque-là dans un seul même groupe, ont été assez nombreux pour en constituer trois distincts. Fin août, lors d’une AG commune aux trois villes, nous avons voté pour un groupe autonome sur l’île, ce qui fut validé par les instances du parti… mais visiblement pas du goût de l’Île Vivante !
Pourtant jusque là, aucun de leurs élu.e.s ou de leurs membres n’avait manifesté le moindre intérêt pour EELV. Mohammed Gnabaly avait même dit : « EELV, ce n’est pas de l’écologie » (réponse à Véronique Dubarry disant l’opposition des élus régionaux EELV aux terrains de foot synthétiques).
Pour comprendre ce revirement soudain d’intérêt, remontons dans le temps. Aucun groupe local des Verts puis d’EELV en 20 ans… alors que Michel Bourgain en était adhérent. Sa théorie : les adhérents verts doivent se fondre dans l’Île Vivante.
Avec le triple avantage :
– de faciliter un double discours : “nous sommes une liste citoyenne” dans l’île, “je suis un maire EELV” en dehors ;
– d’obtenir automatiquement le “label” vert pour les listes de l’Île Vivante;
– de ne pas avoir de groupe écolo critique vis-à-vis de la politique municipale.
De fait, aux dernières municipales, les adhérent.e.s d’EELV à l’Île-Saint-Denis, opposé.e.s au soutien de leur mouvement à la liste de Mohammed Gnabaly, n’ont pas eu voix au chapitre car ne constituant alors pas un groupe local.
De leur point de vue, il faut donc tout faire pour qu’il n’émerge pas de groupe EELV indépendant de l’Île Vivante et de la mairie… et d’autant plus si les élections venaient à être annulées et recommencées : l’étiquette EELV à la liste l’Île Vivante ne pourrait plus être exhibée ! Et donc…
…Dès le 18 septembre, nous constatons une salve de huit adhésions quasiment toutes en en dix jours. Toutes avec les même profils : élu de l’Île Vivante, ancien.n.es élu.e.s de l’Île Vivante, conjoint d’une élue de l’Île Vivante, tante d’une élue de l’Île Vivante, présent.e.s sur les listes de l’Île Vivante, membre du comité de soutien à la liste l’Île Vivante…
Pourquoi douter de leur sincérité ?
Et bien malgré notre participation manifeste à la campagne municipale puis à l’expression politique sur l’île comme membres puis groupe EELV ; malgré la taille de notre petite commune, et toutes les fois où nous avons croisé ces mêmes personnes, pas un.e d’entre eux n’a cherché à nous approcher, à débattre de ce qu’EELV porte comme vision, à nous dire qu’ils avaient l’intention de nous rejoindre ou à proposer une mobilisation écolo. Troublant, non ?
Par ailleurs, jamais aucune de ces personnes n’a soutenu les candidats EELV lors d’élections. En revanche, deux ont soutenu ou fait campagne pour Emmanuel Macron à la présidentielle et cinq pour le candidat France Insoumise aux législatives mais aucun.e pour les candidat.es soutenu.es par EELV aux mêmes élections.
Il s’agit donc clairement d’une tentative de noyautage pour prendre le contrôle du groupe.
Deuxième raison, statutaire, de nos refus
L’Île Vivante a un statut de loi 1901 classique mais elle a toutes les caractéristiques du parti politique municipal (pas pour le meilleur) :
– inactive publiquement en dehors des élections ;
– elle désigne par des réunions internes les candidats de la liste municipale ;
– elle établit le programme de la liste municipale ;
– la liste qu’elle soutient comprend depuis 2001 le nom « Île Vivante » (aux élections de 2020, « Ensemble, dans une île vivante, écologique et solidaire ») ;
– elle a eu jusqu’en 2015 sa propre association de financement de la vie politique (structure dont ne bénéficient que les partis politiques) ;
– son compte en banque a été au nom de cette association de financement jusqu’à l’an dernier.
Difficile de ne pas considérer l’Île Vivante comme un parti politique, certes local.
Or l’article 5 des statuts d’EELV Île-de-France stipule que « l’adhésion est individuelle et est incompatible avec l’appartenance à un autre parti politique ».
Troisième raison : des problèmes de valeurs
Enfin, nous ne pouvons que constater de graves incompatibilités entre les positions des aspirant.es adhérent.es et les valeurs d’EELV. Le bilan écologiste de l’équipe municipale Île Vivante est particulièrement problématique.
Florilège d’éléments particulièrement significatifs :
• la bétonisation d’un quart de la commune dans un écoquartier coincé entre une voie rapide, l’A86 et un terrain radioactif,
• l’absence de réalisation d’aménagement cyclable en 20 ans de mandature, hormis une bande cyclable dangereuse sur le pont menant à St Ouen, à très forte circulation, ce qui vaut à la ville la note la plus basse dans le bilan de la FUBICY.
• le refus réitéré d’inscrire les enfants de chômeurs à la cantine et le rejet de la loi «Égalité etcitoyenneté» de 2017, la municipalité cédant finalement sous la pression du collectif de parents « Cantine pour tous ») (cf pages 11 et 14 du journal municipal).
• l’adhésion au réseau sécuritaire et délateur «Voisins vigilants» et la proposition de vidéo surveillance lors de la dernière campagne des municipales.
On peut rajouter depuis :
• la passivité face à l’abandon du projet de régie publique de l’eau par Plaine Commune (ré-adhésion au SEDIF),
• les menaces contre l’ouverture du Pavillon Bourgogne aux réfugiés afghans,
• la coupe d’arbres anciens rue Louis Bouxin,
• l’intimidation d’une militante citoyenne de l’île,
• une position favorable aux Jeux Olympiques,
• des conflits d’intérêt entre activités économiques et politiques,
• un budget qui laisse interrogateur quant aux dépenses dites de personnels…
Et pourtant…
Avant de demander le refus de ces adhésions insincères aux instances d’EELV, nous avons proposé une rencontre avec les personnes concernées : avaient-elles quitté l’Île Vivante et regretté la politique menée jusque-là ? Seules quatre ont participé à la visio. Mais aucune n’a pris de distance avec les éléments évoqués ci-dessus.
Et elles ont reconnu l’entrisme !
”On s’est dit que ça avait du sens de rentrer et puis de rentrer en force dans EELV (…) qu’on rentre à un nombre assez suffisant pour que ça ait un vrai poids”.
…tout en niant le problème posé par la double adhésion avec l’Île Vivante.
Nous avons donc demandé et obtenu des instances régionales, soutenu.es par le Bureau départemental d’EELV, le refus de leurs adhésions. Depuis, les pressions sur les instances d’EELV se multiplient : coup de téléphone de Philippe Monges, mail de Mohammed Gnabaly, attaques sur les réseaux sociaux…
Remake de la politique locale
Cette tentative d’entrisme de la part de militants de l’Île Vivante n’est pas nouvelle mais est un «remake » de ce qu’a connu le groupe local de la France Insoumise : une adhésion d’un nombre suffisant de membres de l’Île Vivante pour le fagociter. Depuis, pas une activité du groupe local de FI mais l’investiture assurée du parti de Jean-Luc Mélenchon !
Aspiration démocratique pour l’Ile-Saint-Denis
Que L’Île Vivante se revendique écologiste, même si l’action de leur municipalité prouve le contraire : personne n’est propriétaire du terme.
En revanche, qu’elle accepte une organisation écologiste indépendante de la mairie qui l’interpelle, interroge son action, en pointe les limites, fasse des propositions alternatives. Cela ne peut qu’avoir un rôle positif et la pousser à faire que son action pour la planète et ses habitant.e.s se rapproche enfin de son discours et de l’image qu’elle agite.
Certain.e.s parmi nous ont fait partie de l’Île Vivante : élues, membre du CA… Nous en sommes parti.es, en désaccord avec le décalage abyssal entre son discours et ses pratiques – mais également son fonctionnement autoritaire, son chef tout puissant et le recours au harcèlement moral par ce dernier et ses proches – dont certains reprennent aujourd’hui du service sur les réseaux sociaux.
Cette nouvelle tentative de nous étouffer nous donne l’impression d’expérimenter ce que vivent… les anciens adeptes d’une secte : juguler absolument leurs paroles et témoignages.
Il est grand temps de permettre sur cette île un fonctionnement politique démocratique et républicain ; et osons le : bienveillant, participatif et non violent.
Bref, écologiste !