Sauvons l’Entracte ! Pour une mémoire populaire en partage

Lors du conseil municipal du 17 mars, nous avons appris la préemption par la commune d’un immeuble situé rue Méchin – reste au Maire à préciser par des compléments d’information s’il s’agit du 3, du 3 bis ou des deux !

Une préemption au nom d’enjeux de revitalisation et d’embellissement de notre centre-ville. Certes. Les militant.e.s EELV de l’Île-Saint-Denis partagent le constat du besoin d’élargissement des services de la commune, pourvu qu’il se fasse avec des commerces de qualité et qui s’adressent à la population dans son ensemble. Mais i.elles s’inquiètent d’avantage sur ce que recouvre la notion d’embellissement évoqué et alertent sur la tentation d’un projet immobilier qui raserait un immeuble parmi les plus anciens et les plus emblématiques du centre-ville et de son histoire populaire. Ceci pour des raisons patrimoniales, environnementales et de ciment …social.

L’immeuble du 3 rue Méchin, construit en 1845, surélevé vers 1854, marqué par le style Louis-Philippe, est le témoin de la vie populaire des 342 habitants d’alors. Il a d’abord été une cartonnerie, puis de 1883 et jusqu’à sa fermeture, un café. A ce titre, comme l’indique Simone Vacant: « C’est le plus ancien immeuble commercial ayant en partie conservé son aspect initial » (cf. Ancien bâti et bâti ancien de l’Île-Saint-Denis) et le second plus ancien de la commune.

Avec la mairie et les ponts, L’Entracte est l’un des derniers bâtiments de la rue Méchin à valeur patrimoniale. Le raser pour construire un immeuble neuf transformerait définitivement l’avenue en une rue de transit aux bâtiments sans âmes et priverait l’Ile-Saint-Denis d’un marqueur fort de son patrimoine et de son histoire locale.

Le souhaite-t-on alors que cette façade historique du café l’Entracte datant du 19^e siècle augmente indéniablement le cachet de l’artère commerçante principale de la commune ?

Et pour les écologistes, il est indispensable que cette histoire populaire reste inscrite dans la mémoire collective et soit concrètement mise à la disposition de chacun.e.

Notre jeunesse exprime diversement son attachement à son territoire. Il est de la responsabilité du territoire de nourrir positivement cet attachement, et de permettre à chaque génération de s’approprier l’histoire locale, qu’elle soit en mesure de la faire sienne, de l’avoir en partage avec les populations plus anciennes, et qu’elle y développe à son tour ses propres racines.

Une politique urbaine équilibrée se doit de penser l’avenir en se nourrissant du passé et en prenant en compte le présent. Or, notre présent est caractérisé par la résultante de migrations diverses d’une partie de la population. Ces histoires multiples alimenteront d’autant mieux notre future que nous aurons permis à leurs enfants l’accès au commun de leur géographie.

Enfin, les écologistes de l’Ile-Saint-Denis soulignent que si tout projet urbanistique doit intégrer le bien-être des habitant.es et l’amélioration les rapports sociaux, il doit également préserver l’environnement. Autrement dit, il doit poser comme préalable l’impérieuse nécessité de réduction de notre empreinte carbone, des extractions et prélèvements de ressources (dont le sable), de l’énergie liée à la transformation de ses ressources et du trafic lié au transport de matériaux. Nous rappelons à dessein dans ce sens l’invitation des collectivités depuis 2016 à promouvoir le réemploi et l’usage de matériaux recyclés dans la commande publique. Un appel à concours d’architecture pourrait imposer dans son cahier des charges le principe de la réhabilitation et de valorisation de l’existant et intégrer par exemple une légère surélévation à la condition de retraits de façades. En revanche, un projet qui raserait l’existant serait particulièrement dommageable.

Nous demandons à la mairie de communiquer sur ces intentions concernant cette/ces parcelle/s et de soumettre le projet à une concertation digne de ce nom avec les habitant.es – ce qui, pour ne laisser personne de côté, ne pourra donc avoir lieu qu’après la fin des mesures de restriction sanitaires.

Pour les militant.e.s EELV de l’Île-Saint-Denis, il est essentiel de tout faire pour préserver ce bâti historique pour ses implications patrimoniales, sociales, inclusives et environnementales.