Le 7 décembre, le département de Seine-Saint-Denis inaugurera une passerelle bus-vélo entre L’Île Saint-Denis et Saint-Denis.
On ne peut, certes, que se réjouir d’un nouvel équipement qui facilitera l’accès des habitant.es du quartier sud à un nœud de transports en commun à Pleyel. Tout comme de la création d’un belvédère plutôt élégant pour contempler la Seine sans le bruit et l’odeur des voitures des autres ponts, saturés de voitures.
Mais la fête est gâchée par le coût écologique de sa construction et l’inachèvement de sa connexion à un réseau cyclable cohérent.
– Pour construire cette passerelle, le département a coupé en mars 2021 10 platanes qu’il avait lui-même classés remarquables dans son plan Canopée un an avant ! Dix arbres de plus de 70 ans et en bonne santé. La mobilisation des habitant.es avait permis que la coupe soit réduite de 15 à 10.
Dix arbres, sur plus de 60 mètres, pour une passerelle d’une largeur de 16 mètres utiles !
Les arguments avancés – d’ailleurs fluctuants– comme la nécessité de cette coupe pour rendre accessible la proximité de la Seine aux personnes à mobilité réduite montrent soit, un manque d’imagination des autorités et des concepteurs pour trouver une solution répondant à l’inclusion ET à l’écologie, soit que cette dernière n’est jamais une préoccupation réelle… Soit les deux !
– La passerelle est reliée à un avorton de piste cyclable. Vers le sud de l’île, le trottoir pour piétons qui la longe disparaît au bout d’une dizaine de mètres… puis c’est au tour de la piste cyclable elle-même de s’évanouir à l’endroit où elle est la plus nécessaire : à l’approche du très dangereux croisement entre le boulevard Marcel Paul et le pont de Saint-Ouen.
En direction du nord, il faut brutalement traverser pour reprendre la piste construite il y a plus de 30 ans, traversant les sorties d’entrepôts, chaotique, parsemée de mobilier urbain, fondue par intermittence avec le cheminement piéton, non éclairée, grêlée d’ornières quand elle n’est pas tout simplement défoncée, voire inondée. En un mot : dangereuse. A partir du 27 quai du Châtelier, plus de « piste cyclable » (le modèle préhistorique !), le cycliste doit rejoindre les voitures sur la chaussée défoncée. Et rien jusqu’au nord de l’Île, seulement la dangerosité de voitures lancées à toute vitesse…
Attend-on la mort d’un nouveau cycliste pour prendre la mesure de la dangerosité de cet impensé politique ?
(voir : https://www.ecologieisd.eu/2024/02/13/amenagement-cyclable-lile-saint-denis-victime-de-la-politique-du-confetti-du-departement/)
L’inauguration de la passerelle sera-t-elle une occasion d’annonces qui permettraient de se réjouir vraiment de cette inauguration ?
Concernant la coupe des arbres :
Seuls 23 arbres sont prévus pour compenser la coupe des dix arbres remarquables. Or, pour prétendre remplacer des arbres de plus de 70 ans à la si belle ramure et bénéficier d’une certaine fraîcheur, il faut compter a minima 1 pour 5 selon les spécialistes. Et s’armer – avec toutes les espèces qui ont perdu avec ces coupes leur abri – de patience. En admettant que la totalité des plantations prennent effectivement, il faudra des décennies pour retrouver le bénéfice initial.
Mais peut-être le département en annoncera-t-il 27 de plus ?
Les trois dernières années ont vu une série de coupes scandaleuses sur l’Île (https://www.ecologieisd.eu/2023/07/27/serie-noire-pour-les-arbres-de-lile-saint-denis/#more-160).
Le “C’est pas nous, c’est VNF”, “C’est pas nous c’est Plaine Commune » ou “C’est pas nous, c’est le département” sont des réponses politiques ni acceptables ni responsables de la part des autorités.
EELV-Les écologistes Ile Saint-Denis demande à la ville d’organiser une plateforme de dialogue permanent entre la ville, Plaine Commune, le département, VNF et les associations (GNSA Île Saint-Denis, collectif Protection Berges de Seine, FNE 93, la LPO…) pour étudier et programmer les projets de coupes et d’élagage et une consultation, en amont des projets urbains, lors de la programmation de travaux afin d’aboutir aux solutions les mieux disantes en terme de biodiversité et climatique.
Concernant la piste cyclable :
A quand la construction d’une piste cyclable continue reliant le Sud au Nord de l’Île ? En attendant, l’ancienne piste cyclable côté entrepôts sera-t-elle rénovée ?
A quand des pistes cyclables sur les ponts routiers de l’Île ? Sur le pont de l’île Saint Denis, les cyclistes et les trotinettes roulent aujourd’hui sur des trottoirs très étroits entraînant des heurs avec les piétons, ou comme alternative, peuvent risquer de dérailler sur les rails du tramway ; sur celui de Saint-Ouen, la bande cyclable dénuée de séparateur les expose à la furie des automobilistes régulièrement bloqués par le trafic et qui tentent de forcer le passage en se ruant dans le moindre interstice… A quand la mise en conformité de la commune avec le statut de ville en zone 30 : pistes cyclables et contresens signalisés dans les petites rues de la ville ?
Monsieur le président du département,
ne ratez pas l’occasion de vraies mesures écologistes ! Le tissu urbain, aujourd’hui, ne peut plus être conçu déconnecté du vivant. Après les déferlantes olympiques de béton, redonnez-nous de l’oxygène, et le sourire à la planète !