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Mohamed Gnabaly, adhérent aux Ecologistes ? Drôle d’idée…

Le 28/10/2023, le groupe local d’EELV (devenu depuis Les écologistes) a expliqué dans un courrier aux structures départementales régionales de leur parti pourquoi il n’était pas possible d’accepter l’adhésion du maire de l’Île Saint-Denis. Nous publions le courrier.

L’Île Saint-Denis, le 28/10/2023

Objet : Demande de refus d’adhésions du maire de l’Île Saint-Denis Mohamed Gnabaly

Cher.e.s ami.e.s du BED, CPD, BER, CPR,

Nous vous avons communiqué par mail au BER et aux co-secrétaires départementaux le 17/10/2023 notre refus de l’adhésion du maire de l’Île Saint-Denis Mohamed Gnabaly suite à sa demande du 10/10/2023. Le 15 octobre lors d’une réunion exceptionnelle, les membres du groupe EELV de l’Île Saint-Denis ont voté sur cette demande d’adhésion et à l’unanimité (5 votes sur 5) ont exprimé leur opposition à cette adhésion. Avant l’été, alors que des rumeurs faisaient état de cette possible adhésion, cette position avait déjà été exprimée à Eric Béal, co-secrétaire départemental.

1/ Contexte

De Michel Bourgain à Mohamed Gnabaly, une lente dérive

– En 2001, une liste écolo-citoyenne menée par Michel Bourgain alors maire de l’Île Saint-Denis est élue, prenant la ville au PCF. Si pendant le premier mandat des politiques innovantes et réellement écologistes avec un fonctionnement collectif de l’équipe municipales sont menées, lors du deuxième mandat, la dynamique collectif s’essouffle et se transforme en pouvoir personnel de Michel Bourgain, la politique de la municipalité devient problématique (voir document n°4).

– Michel Bourgain est réélu pour un troisième mandat en 2014. Il n’est plus alors membre d’EELV. Au bout de deux ans, il démissionne et Mohamed Gnabaly, alors adjoint au commerce local, devient maire sans qu’ait lieu une nouvelle consultation des électeurs de l’Île Saint-Denis, ni même des adhérents du parti politique local « L’Île Vivante » qui porte les campagnes municipales. Déjà très critiques de la politique du maire précédent et prévoyant une dérive vers une aventure personnelle sans colonne vertébrale politique (notamment pas du tout écologiste) deux élues quittent la majorité municipale créent le groupe d’opposition « Ouvertement » dont Sabine Brias, élue aux finances et Véronique Dubarry, seule élue du Conseil municipal membre d’EELV (adhérente depuis 1997 et ancienne adjointe verte à Bertrand Delanoë de 2008-2014).

Une municipalité minoritaire

– Lors des municipales de 2020, les adhérents de l’Île Saint-Denis s’expriment lors de l’AG de ce qui est alors un groupe commun à Saint-Ouen et Epinay, leur opposition à tout soutien à la liste du maire de L’Île Saint-Denis et du parti politique local « l’Île Vivante ».

– Ils participent à la liste « l’Île Saint-Denis debout » avec des citoyens, des membres du PCF, du PS et de la France insoumise. La liste fait 11,83 % au 1er tour. Largement minoritaire au 1er tour (688 voix sur 1825), la liste du maire ne gagne le second tour que grâce à la désunion des listes d’opposition malgré les efforts de « l’Île Saint-Denis Debout ! » : 1005 voix pour la liste du maire, 1183 pour les listes d’opposition mais divisée en trois listes. « l’Île Saint-Denis Debout ! » réunit 6,13 % des voix et n’a pas d’élu, victime du vote utile pour la liste d’opposition arrivée en tête au 1er tour.

– En raison de l’absence d’existence de groupe local EELV, pour les élections municipales depuis 2001, la discussion avait directement eu lieu entre le maire (Michel Bourgain, puis Mohamed Gnabaly) et le département. Il est intéressant à signaler que le logo d’EELV n’est jamais apparu et le soutien très rarement mentionné sur les documents électoraux de l’Île Vivante depuis 2001. Bien qu’ayant eu le soutien d’EELV 93 (contre l’avis des adhérents locaux), lors des municipales de 2014, le logo EELV n’apparaissait pas plus sur les documents électoraux. Aucun membre d’EELV n’était sur la liste du maire.

La volonté de faire taire EELV localement

– En juillet 2020, la justice administrative est saisie par une des listes d’opposition et prononce l’annulation des élections municipales mais la liste de l’Île Vivante a gain de cause en appel et les élections ne sont pas annulées.

– En septembre 2020 – alors qu’on est encore dans l’attente du résultat de la justice administrative et que le contrôle du groupe local EELV alors en cours de création pourrait être important – a lieu une tentative d’entrisme (8 adhésions groupés sur 5 jours) de la part de membres du parti politique local « L’Île Vivante » au service de Mohamed Gnabaly maire de l’Île Saint-Denis (mais lui ne demande pas son adhésion). A la demande du groupe local en cours de création, cet entrisme est bloqué (refus d’adhésion) par le CPR, en raison de positions contraires aux valeurs d’EELV et double appartenance avec le parti politique local « L’Île Vivante ».

– Une assemblée générale de création du groupe local EELV l’Île Saint-Denis a lieu le 28 novembre 2020. En trois ans, l’activité du groupe (voir https://www.ecologieisd.eu/ et PV de la dernière AG, doc 1) montre combien la politique municipale est loin des positions défendues par EELV.

– Le 10 octobre 2023, Mohamed Gnabaly maire de l’Île Saint-Denis demande son adhésion à EELV.

– A aucun moment le maire de l’Île Saint-Denis n’a cherché à rencontrer le groupe local pour parler de sa possible adhésion.

2/ Pourquoi refuser l’adhésion du maire de l’Île Saint-Denis ?

Double appartenance

Mohamed Gnabaly est membre de l’association L’Île Vivante. L’Île Vivante a un statut de loi 1901 classique, mais elle nous semble avoir toutes les caractéristiques du parti politique local (et pas pour le meilleur…) :

– Elle n’est pas active publiquement en dehors des élections,

– Elle désigne par ses réunions internes les participants à la liste municipales,

– Elle arrête le programme de la liste municipale,

– Depuis 2001, la liste qu’elle soutient a toujours dans son intitulé le nom « Île Vivante ». Lors des dernières élections de 2020 : « ENSEMBLE, DANS UNE ÎLE VIVANTE, ECOLOGIQUE ET SOLIDAIRE »,

– Elle a jusqu’en 2015 eu sa propre association de financement de la vie politique dont le compte en banque a été au nom de cette association de financement jusqu’en 2019.

– Les élus de la majorité municipales reversent une partie de leurs indemnités à l’Île Vivante.

Il nous semble qu’on peut donc la qualifier de parti politique local. Or les statuts d’EELV sont clairs sur ce point. L’article 5 des statuts EELV Ile-de-France stipule que « l’adhésion est individuelle et est incompatible avec l’appartenance à un autre parti politique ».

Jamais de prises de position en faveur d’EELV

– Le groupe France Insoumise a été initialement domicilié en mairie (doc 2) jusqu’à une interpellation en Conseil municipal de la part des élu.e.s écologistes d’opposition (Véronique Dubarry et Sabine Brias).

– Mohamed Gnabaly s’affiche régulièrement et au-delà de la « courtoisie républicaine » avec le député France Insoumise Eric Coquerel et participait en novembre 2018 aux Rencontres nationales des quartiers populaires organisées par ce dernier pour la France insoumise, l’actuel directeur de cabinet comme la précédente est membre de la France Insoumise,

– Lors de la présidentielle de 2022, son parrainage va à Jean-Luc Mélenchon (doc 3)

– Mohammed Gnabaly n’a jamais appelé à soutenir aucun candidat EELV à aucune élection.

Incompatibilité avec les valeurs d’ EELV

Mohamed Gnabaly est élu en 2014 sur la liste de l’Île Vivante menée par Michel Bourgain. Le bilan écologiste de l’équipe municipale Île Vivante est particulièrement problématique (doc 4). Il ne s’agit pas là de faire un bilan exhaustif des 9 ans de mandat d’élu et des 7 ans comme maire de Mohamed Gnabaly. On pourrait souligner quelques rares points positifs et systématiquement mise en avant par la ville : 80 % de bios dans les cantines, travaux en cours dans le principal square de la ville avec davantage de pleine terre, deux murs photovoltaïques sur des tours HLM, opposition au projet de méga-entrepôt Greendock mais de la même manière que la mairie de droite d’Epinay… Mais qui sont largement compensés par des absences de politiques sur des points significatifs : disparition des dispositifs de démocratie locale, pas d’isolation thermique des bâtiments municipaux anciens, aucune politique des déchets, pas de plan de circulation pour réduire notamment la circulation de transit, pas de politique de réduction des logements insalubres qui se multiplient, projets de destruction des derniers bâtiments témoignant du passé de l’Île (Bar l’Entracte milieu du XIXe siècle, La chiffonnerie début du XXe siècle)… Sans parler d’une non-prise en compte voir d’une diffamation systématique des oppositions.

Nous avons voulu souligner des aspects particulièrement et contraires aux valeurs d’EELV.

* Remplacement de la pelouse du stade par une pelouse synthétique (voir https://www.ecologieisd.eu/2020/07/29/stade-robert-cesar-de-lile-saint-denis-catastrophe-ecologique-inquietude-pour-la-sante/). Lors du Conseil municipal du 26 juin 2019, pour montrer l’incohérence écologique et les dangers sanitaires de ce choix, Véronique Dubarry s’appuie sur les travaux des élus EELV au Conseil régional et se voit répondre par Mohamed Gnabaly : « EELV c’est pas de l’écologie ! ».

* La bétonisation d’un quart de la commune dans un écoquartier coincé entre un méga-supermarché éclairé toute la nuit, l’A86 et un terrain radioactif, avec des constructions particulièrement hautes et denses et des espaces publics particulièrement minéraux (voir photos, document 5)

* Pas de création d’espace verts. Le maire se targue de 50 % d’espaces verts, mais cela tient à l’existence d’un grand parc départemental au nord de l’Île (créé en 1990) et d’une zone natura 2000 (terrains acquis par le département en 1971) pour lesquels la mairie n’a aucune responsabilité. Aucun espace vert n’a été créé depuis l’arrivée de l’Île Vivante à la mairie en 2001, pas plus depuis que Mohamed Gnabaly est maire. La dernière pelouse du centre ville a été construite pour un bâtiment municipal lors des dernières années de Michel Bourgain, Mohamed Gnabaly étant alors élu.

* Absence de réalisation de tout aménagement cyclable en vingt ans et un an de mandature l’Île Vivante. Pas plus d’aménagements depuis 7 ans que Mohamed Gnabaly est maire, même basiques : hormis une bande cyclable dangereuse sur le pont menant à la ville de St Ouen, à très forte circulation, pas de contresens cyclables (alors que c’est obligatoire par le passage de la ville en zone 30), pas de stationnements ou garages vélos…

Une piste cyclable sera présente sur la passerelle bus en voie construction sur la Seine prolongée sur les quais de Seine partie sud : 650 mètres pour plus de 7 kilomètres de quai sans même sécuriser le point le plus dangereux du parcours (le pont de Saint Ouen) ; pour autant, cette piste n’ajoutera pas un seul kilomètre d’aménagement car une piste cyclable existait depuis le début des années 2000 (avant l’arrivée à la mairie de l’Île Vivante) de l’autre côté de la rue…

Cela vaut à la ville la note l’avant dernière plus basse (F) dans le bilan de la FUBICY (document6),

* Aucun effort pour réduire la circulation automobile. Une des premières mesures de Mohamed Gnabaly quand il a été élu maire en 2016 a été la mise en place d’un plan de stationnement. A l’époque, il a reconnu lors des réunions publiques, suite à notre interpellation, qu’il aurait été plus logique de faire d’abord un plan de circulation. Mais rien n’a été fait depuis, alors que c’est un moyen simple de réduire la circulation de transit.

* Coupe de 10 arbres remarquables et absence totale de protection du patrimoine végétal. Coupe scandaleuse par le département et la ville le 15 mars 2021 de 10 platanes remarquables – de plus de 70 ans et en bonne santé, classés arbres remarquables dans le plan Canopée du département en 2020 – quai du Chatelier, malgré la mobilisation des habitant.es (10 arbres sur plus de 60 mètres pour une passerelle d’une largeur de 16 mètres utiles voir https://www.ecologieisd.eu/2021/05/14/10-platanes-remarquables-coupes/#more-116 ) ; coupe en décembre 2020 de trois platanes rue Louis Bouxin ; d’un charme centenaire et la coupe rase d’arbres et haies du stade au printemps 2022 ; quatre n’ont jamais été replantés le long de la cité du Bocage. 

* Destruction des logements sociaux de 350 familles avec peu d’espoir de relogement dans la ville. Pendant des années la municipalité Île Vivante avait promis qu’aucune des trois tours du quartier Marcel Paul (au sud) ne serait détruite, puis Mohamed Gnabaly promettait (lors de la première réunion de concertation sur le projet ANRU) qu’il n’y en aurait qu’une et que toustes les habitant.es seraient relogés au même niveau de loyer. Finalement, les trois tours seront détruites avant les Jeux Olympiques et les habitant.es sont pour la plupart éloignés de la ville (Voir l’article de Médiapart : À l’Île-Saint-Denis : « Ils ne veulent pas voir nos visages pendant les JO » https://www.mediapart.fr/journal/france/260723/l-ile-saint-denis-ils-ne-veulent-pas-voir-nos-visages-pendant-les-jo). Le nouvel écoquartier (dont la partie consacrée aux Jeux Olympiques) ne comptera pas 30% de logements sociaux comme l’affirme la ville puisque 10% sont des accessions à la propriété.

* Adhésion en 2020 au réseau sécuritaire et délateur « Voisins vigilants ».(document 6 ).

* Décision de mettre en place la vidéo surveillance lors du Conseil municipal du 28 septembre 2022. La décision se fait après une concertation tronquée. Réunion publiques donnant lieu à très peu de publicité pendant lesquelles les habitant.es sont invités à s’informer mais à qui il est demandé de ne pas donner leur avis et votation citoyenne hors de tout cadre légal, sans envoi de matériel contradictoire (refus du maire à nos demandes en réunion publique), posé sous la forme d’une question favorisant le vote en faveur de la vidéo-surveillance : sur cinq choix possible, trois sont « pour » (peu favorable, favorable, très favorable), un « indifférent » et un seul « pas favorable » (document 7).

* Expulsion de migrants d’un bâtiment municipal en plein hiver.

Au début de janvier 2021, suite au démantèlement du camp de La Porte de Paris à Saint-Denis, une dizaine d’afghans sont placés à l’abri par des militants dans un bâtiment vide appartenant à la ville de l’Île Saint-Denis. La ville les fait expulser en décembre 2021, après deux procédures judiciaires arguant de travaux prévus (installations de bâtiments provisoires pour une nouvelle ligne du Grand Paris Express). Presque deux ans après, les bâtiments sont toujours debout et le bâtiment toujours vide. Les acteurs associatifs locaux et le groupe EELV regrettent que le maire non seulement n’aient jamais soutenu les squats de la ville (le théâtre Nout, le Malvassé…) pourtant particulièrement actifs dans les actions de solidarité (accueil de migrants, distribution de fruits et légumes, etc.) mais a collaboré avec les propriétaires de locaux vides pour les faire expulser. Le squat Unibéton, expulsé en avril dernier – bâtiment vide et qui le restera encore de nombreuses années – hébergeait 400 personne depuis trois ans. La mairie n’a rien fait pour les soutenir (la mise en place du ramassage des poubelles fut par exemple à l’initiative du groupe EELV), n’a rien fait pour empêcher l’expulsion et n’était représenté par personne lors de l’expulsion (étaient présents Muriel Casalaspro, co-secrétaire d’EELV 93, Carolina Faye, membre du BER, les militants d’EELV l’Île Saint-Denis). https://www.ecologieisd.eu/2023/05/01/unibeton-a-lile-saint-denis-aussi-le-gachis-des-batiments-vides-quand-tant-de-personnes-sont-a-la-rue/

Il nous semble que pour toutes ces raisons, la demande d’adhésion de Mohamed Gnabaly doit être refusée.

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