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Vidéo-surveillance à l’Île Saint-Denis : Un projet coûteux, dangereux, inabouti et sans légitimité

EELV, les écologistes en général, a toujours refusé la vidéo-surveillance : c’est une menace contre les libertés, un dispositif coûteux dont toutes les études sérieuses ont montré l’inefficacité, qui met les humains derrière les écrans alors qu’ils ne sont efficaces que sur le terrain. Le projet présenté par la ville est incohérent et illégitime.

Un projet sans aucun sens

Lors des présentations, le maire a dit tout et son contraire, démontrant que ce projet n’est ni construit ni réfléchi. Les caméras seraient utiles pour prévenir et informer en temps réel la police nationale pour intervenir. Des agents devant les écrans, donc. Mais sans moins d’agents sur le terrain. Pour autant, il n’y aurait pas de création de nouveaux postes. Les lieux prévus d’installation des caméras ne sont justifiés que parce que c’est là que passeraient le plus d’habitant.e.s, confondant lutte contre les délits et surveillance généralisée. D’ailleurs, comme l’ont fait remarquer les habitant.e.s, les lieux problématiques sont connus. Ce qu’il manque ce n’est pas de savoir où ils sont mais du personnel pour intervenir. 
À quels manques, à quels « trous dans la raquette » la vidéo-surveillance répond-elle par rapport aux dispositifs actuels à l’Île-Saint-Denis ? Aucune réponse.

Un projet au coût d’investissement élevé et au fonctionnement incertain

Neuf caméras dont deux mobiles vont être installées pour un coût total de 269 000 €. Le rapport fait par les services de l’État en demanderait 17 : le maire se targue de ne pas avoir succombé aux sommations. Il faut ajouter à ce coût la création d’un centre de surveillance, 30 000 euros. 
Mais, ça ne coûte rien, nous dit Monsieur Le Maire, car 80 % sont pris en charge par l’État et la région ! 20 % pour la ville, ça n’est pas rien ! Et rappelons, pour qui l’aurait oublié, que le budget de l’État et celui de la région ne tombent pas du ciel : ce sont nos impôts. Ça nous coûte et c’est autant qui n’est pas utilisé pour les écoles, les lycées, le social, la transition écologique, etc.
Aucune réponse sur le budget de fonctionnement de la commune hormis 21 000€ annuel pour le centre de surveillance et 5 850 € par caméra. Rien sur les créations de postes pour faire tourner la baraque ! Et puis il faut aussi ajouter les coûts de réparation liées aux dégradations qui seront à la charge de la ville et dont le maire admet qu’ils sont souvent très importants. Combien ? Aucune réponse.

Un projet sans légitimité démocratique

La ville a organisé six réunions de « consultation ». Sauf dans un cas où les habitant.e.s sont venus pour autre chose – que va devenir notre quartier ? -, elles n’ont réunies que très peu de personne, moins de 20 participant.e.s par réunion. La faute au manque d’information – pas de boîtages, affiches minuscules dans les panneaux municipaux et pas tous – et aussi  parce que les habitant.e.s n’ont plus confiance en la « concertation » municipale. 
Et pour cause ! Ces réunions – annoncées par le slogan « Vidéoprotection : pour ou contre ? » – commençaient par l’indication du maire qu’on n’était pas là pour donner son avis mais poser des questions, lui-même ayant déjà donné le sien lors d’un conseil municipal « j’y suis favorable ; je ne veux pas de débat idéologique à ce sujet. »  
La dernière réunion de la série a été la cerise sur le gâteau : ordre du jour et objet de la réunion modifiés de manière unilatérale en séance (plus question de la vidéo-surveillance mais de la tranquillité publique), pas de restitution des réunions précédentes, pas de questions réponses…Cette réunion avait réuni plus de vingt personnes… Elles sont toutes parties….
Le « débat » ainsi organisé devait être suivi par un « vote citoyen ». Hors de tout cadre légal, sans envoi de matériel contradictoire (refus du maire), il est posé sous la forme d’une question favorisant le vote en faveur de la vidéo-surveillance : sur cinq choix possible, trois sont « pour » (peu favorable, favorable, très favorable), un « indifférent » et un seul « pas favorable ». Une façon honnête de poser la question aurait été : pour/contre ou « Très Défavorable », « Défavorable », « Indifférent », « Favorable », « Très favorable ». La question n’est elle même pas honnête : il est question de « vidéo-protection/vidéo-verbalistion » (pas de vidéo-surveillance) et il est évoqué son déploiement à « titre expérimental ». Comme si cette équipe municipale était capable de reconnaître à un moment s’être trompée et allait démonter le matériel…
On apprend par ailleurs qu’une première étude à ce sujet a été commandée dès 2017. Jamais validée par le Conseil Municipal. « Elle était gratuite » nous répond Monsieur Le Maire. « Si je devais faire passer toutes les études que je commande ». Ceci explique certainement le flou dans le programme de L’Ile Vivante lors des municipales, les membres de sa liste n’étant pas tous d’accord le sujet et soumettant la décision à des études et une concertation des habitant.e.s. Sans validation par les élections municipales, sans concertation digne de ce nom, sans « vote citoyen » sincère et pluraliste, il n’y aucune légitimité à la poursuite de ce projet.

Tout ça pour quoi ?

Au bout du compte, on se demande pourquoi le maire veut installer la vidéo-surveillance. Pour séduire la part d’électorat de droite qui a toujours voté « Ile Vivante » contre les communistes ? Par conformisme, parce que notre Maire, vice-président de l’Association des Maires de France, veut être un bon élève vis-à-vis de l’État dont il admet qu’il lui met la pression sur le sujet ?  Pour être prêt à récupérer le système de vidéo-surveillance du village Olympique après 2024, ce qui nous transformerait en ville la plus surveillée de France ? 
Pour une petite ville comme la nôtre, a fortiori si nous voulons garder notre identité, « faire comme tout le monde », c’est être assuré de faire moins bien car avec moins de moyen.  Seule l’imagination, l’intelligence collective de la démocratie, la solidarité nous permettront de préserver et développer notre bien vivre ensemble !

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