De rondes subventions, mais toujours pas de directeur financier ; de l’intimidation, mais toujours pas d’opposition audible.
Rififi dans notre petit milieu clos, notre petite île verte et rouge. Plusieurs informations ces derniers jours alertent voire inquiètent. On récapitule :
– le 26 janvier est publié un post sur FB L’Île Saint Denis 93450 avec le commentaire suivant « Mr Le Maire 195000€ Mr l’ancien Maire 130000€ bon appétit Messieurs ».
De quoi s’agit-il ?
Il s’agit des subventions PM’UP accordées par la région Île de France à 44 entreprises finances solidaires et ESS.

Et qu’apprend-on ?
Que Novaedia, dont le directeur général est aussi notre maire, arrive en bonne quatrième position sur 44 avec 195 000 € de subventions. Qu’Halage, qui a dans son Conseil d’Administration notre ancienne Madame Le Maire, Élisabeth Masse-Bourgain, la première adjointe Marie Anquez et encore une autre élue, Sophie Bosquillon (trois membres sur six), a reçu 130 000 €.
Ne doutons pas de l’utilité publique de ces structures – il nous semble en particulier qu’Halage fait de l’excellent travail d’insertion. La question se pose toutefois de savoir si à périmètre égal voire bien plus large, d’autres entreprises de l’ESS se sont vues octroyées des subventions aussi rondelettes. A titre de comparaison, Emmaüs Alternatives n’a reçu que 105 000 €.
En quoi, les doubles casquettes influent-elles l’obtention de ces largesses publiques ? Et nous parons par avance la critique : ce serait infamant de se poser la question ? Selon la loi, il y a déjà conflit d’intérêt à partir du moment où une situation amène à se poser la question : est un conflit d’intérêt « toute situation d’interférence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés qui est de nature à influencer ou à paraître influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif d’une fonction » (loi n° 2013-907 du 11 octobre 2013).
Ne faut-il pas clarifier les choses ?
– le 27 janvier est publié un autre post sur cette même page FB. Camille Dubocage cette fois.
Et que nous apprend-elle ?
Qu’elle a reçu la visite inopinée de M. Le Maire l’accusant « de véhiculer des fausses informations et d’instrumentaliser le travail des agents à des fins politiques ».
Chez elle, sur son lieu de travail ou en plein Conseil Syndical ? La suite ne le dit pas. Mais peu importe. Dans un cas comme dans les deux autres, c’est inacceptable !
La semaine dernière, suite à la distribution dans les boîtes aux lettres du Journal de l’Île Vivante (IV), Camille Dubocage s’est offusquée sur FB de la récupération par l’IV du travail du collectif pour la régie publique de l’eau de l’ISD animé par des habitants. Elle-même étant une de ses membres les plus actifs a rappelé, à bon escient, que la plupart des élus de l’Île Vivante ont quitté le collectif, qu’ils s’étaient même vus obligés de retirer leurs signatures du recours envoyé à M. Hanotin, Président de Plaine Commune… Recours que notre maire a refusé de signer. S’en est suivi une passe d’arme avec Mme Muriel Chelsa, ancienne Maire Adjointe.
Est-ce ceci qui lui aura valu cela ?
Émettre ses opinions comme l’a fait Camille Dubocage et être opposée à ces mêmes opinions et le dire comme l’a fait Muriel Chelsa, rien de plus normal. C’est le jeu de la démocratie, ma pauvre Lucette ! Mais se voir gratifier de la visite opinée de son Maire à son domicile, sur son lieu de travail ou en plein Conseil Syndical dépasse les bornes et représente une intimidation inacceptable.
– le 27 janvier toujours se tenait un Conseil Municipal, retransmis sur le site de la ville.
Parmi les points à l’ordre du jour, le débat d’orientation budgétaire. Celui d’hier a été un moment d’anthologie ! Comme chaque année, M. Sirol du cabinet Territoires et Conseil est venu faire un « topo » présentant les perspectives économiques, financières, budgétaires à venir à l’échelon national, territorial et communal.
Mais pour qui a côtoyé M. Sirol depuis le début de la mandature précédente – 2014 -2020 – on a connu un M. Sirol autrement plus « complaisant » qu’hier soir.
M. Sirol a donc fait son « topo », puis a écouté les commentaires lénifiants de M. Le Maire et celui de son Adjoint aux Finances, M. Nabil Ziad, et M. Sirol s’est autorisé à reprendre la parole pour préciser deux points qui n’avaient manifestement pas été bien compris ou en tous cas, passés sous silence.
Et qu’a dit M. Sirol ?
Que 67% du budget de fonctionnement était « englouti » dans les charges salariales. Que ça n’était pas, nous le citons, « responsable ». Oh-oh !!! Déjà lors de la précédente mandature, les élues du groupe Ouvertement, qui ont rejoint EELV, le disaient. La ville explose tous les ratios en vigueur : La moyenne nationale pour les villes de la même taille est de 54 %. Et arrêtons de nous expliquer que c’est le dénuement ou l’augmentation de la population qui justifie ce taux. Si au moins, ce ratio se traduisait pour les agents en place par de meilleures rémunérations, de meilleures conditions de travail et davantage de services publics pour les habitant.e.s. Mais non. D’où la question à poser, de façon pressante : à quels emplois correspondent cette masse du budget ?
Et d’ailleurs, la preuve. Que dit également M. Sirol ?
Que nous n’avons toujours pas de Directeur financier !!! Résumons : depuis le départ en 2015 de M. Patrice Pollet, le poste est vacant. Nous en avons bien éclusé deux ou trois depuis des directeurs financiers qui sont restés en poste chacun pas plus que quelques mois. Pourquoi ? Comment sont faits les recrutements ? On ne trouve pas le frère de la sœur de la belle-fille du cousin ? Quels sont les rémunérations et statuts proposés ? Quelle marge de manœuvre ont-ils une fois en poste ? Leurs conseils en matière budgétaire sont-ils entendus ? Comment se priver d’un regard extérieur à la majorité, professionnel, capable d’alerter quand les choses sont problématiques en termes de légalité ou d’honnêteté ? La défection d’un poste aussi essentiel à toute commune depuis cinq ans ouvre la porte à toutes les suspicions. Et M. Sirol n’aura pas manqué d’en souligner toute l’anormalité.
Ah et dernière petite précision : qu’ont alors dit les oppositions ? Ben rien… silence assourdissant ! Avec ça, on sera bien défendu… c’est tellement plus facile les post sur FB…
Du rififi dans notre petit milieu clos, notre petite île verte et rouge…